La reproduction d’une image par impression d’une matrice gravée est un procédé ancien. Apparue en Chine au IXème siècle, la gravure sur bois s’est diffusée par les routes commerciales d’Asie et a atteint l’Occident où elle prit un essor considérable à partir de l’invention de l’imprimerie. Elle fut largement utilisée dans l’illustration des livres, mais aussi dans la diffusion d’images religieuses tout au long du XVIème siècle. En France, les multiples ateliers d’imprimeurs parisiens pratiquant cette technique couvraient le marché français et au-delà, exportant vers l’Angleterre et l’Espagne.
Cependant, au XVIIème siècle, l’arrivée à Paris des graveurs anversois, chassés de leur ville par les guerres de religion, va apporter un renouveau dans l’engouement pour l’image imprimée. Ces artistes détenaient la maîtrise de la gravure en taille-douce sur plaques de métal, technique qui apporta à l’image imprimée les demi-teintes permettant de rendre de la profondeur au motif grâce au développement du procédé de l’eau-forte. Une vraie structure d’édition et de diffusion de livres, de cartes et d'images volantes prit alors une place importante, avec des graveurs et des imprimeurs tels que Melchior Tavernier et Abraham Bosse à Paris.
Des innovations techniques au niveau des vernis, des plaques de cuivre plus malléables et du procédé de l’aquatinte pour obtenir des nuances de tons plus subtils ont permis à des artistes comme Rembrandt, Seghers, Van de Velde, Goya, entre autres, de poursuivre des expérimentations, en accroissant les possibilités expressives de la gravure et sa valeur artistique.
La gravure en taille-douce sur plaque de métal restera un art au premier plan jusqu’à l’invention de la lithographie et de la photographie, qui donneront lieu à des tirages beaucoup plus importants et une croissante diffusion des livres imprimés.
Degagée de la fonction de documentation avec l’avenir de ces deux procédés, la gravure poursuivit son évolution en tant que moyen d’expression artistique. Au XIXème siècle déjà, quand le Japon ouvrit ses frontières, les estampes ukiyo-e, ou images du monde flottant, dont les thèmes étaient liés aux plaisirs de la vie, commencèrent à être exposées en Europe et eurent une forte influence sur les artistes peintres de l’avant-garde française (Toulouse-Lautrec, Mary Cassat, Paul Gauguin, Van Gogh). Ailleurs, en Europe, les artistes se sont réappropriés ces procédés anciens en les réhabilitant dans un renouveau de la création artistique. L’esthétique brute de la taille d’épargne sur bois va servir notamment l’expressionnisme allemand du début du XXème siècle mais aussi, sur le continent américain, représentera un moyen d’expression sociale et politique, comme les estampes du mexicain Posada et les xylogravures brésilien José Borges qui racontent la vie des nordestins du Brésil dans la populaire "littérature de Cordel".
De nos jours les artistes continuent à explorer les nombreuses possibilités d’expression de l’impression d’estampes originales par les procédés traditionnels de gravure en creux et en taille d’épargne, tout en innovant dans la confection des matrices et dans l’association de procédés pour composer l’image achevée.
La gravure en taille d’épargne dispose d’une large gamme de matériaux plus faciles à travailler comme le MDF et le contreplaqué en tilleul, mais aussi le linoléum gris et le linoléum softcut.
Dans autre côté, les plaques photopolymères permettent d’importer des éléments photographiques dans la gravure en taille-douce et d’autres matériaux, comme carton-bois, planches de MDF, enduits, papiers, objets de récupération et vernis acrylique sont utilisés pour confectionner des matrices imprimées en creux dans la collagraphie.
Loin de se limiter à un ensemble des règles techniques la gravure offre une multitude d’opportunités créatrices.
Découvrez l'univers de Likalou Prints avec les œuvres d'Aline Castro Lourd
Commentaires